Le réchauffement climatique d'origine agricole
Les perturbations de la composition qualitative ou quantitative de l'atmosphère modifient l'émission ou la réception des flux lumineux par la surface terrestre; ce qui est à l'origine de perturbations climatiques
1) à l'échelle locale
L'opacification de l'atmosphère par les aérosols provoque une baisse du flux lumineux : les zones urbaines ont un ensoleillement sensiblement moindre que les zones rurales voisines. Cette baisse pourrait avoir un impact sanitaire en diminuant la synthèse de vitamine D chez les jeunes enfants.
2) à l'échelle globale
L'énergie reçue par la terre provient du rayonnement solaire, principalement les radiations visibles de longueur d'onde comprise entre 0,4 et 0,8
Le rayonnement solaire est peu absorbé par l’atmosphère, mais le rayonnement terrestre est au contraire fortement absorbé par certains des gaz qui la compose. Ces gaz s'échauffent et réemettent vers la surface terrestre un flux de rayonnement qui s'oppose à son refroidissement, c'est ''l'effet de serre''. Ce phénomène garantit une certaine chaleur sur la terre conditionne donc le maintien de la vie. Mais depuis le début de l'ère industrielle, la teneur en ces gaz à effet de serre (GES) augmente régulièrement ce qui entraîne le réchauffement de la surface de la planète.
Origine des GES
Dans une atmosphère non polluée, l'effet de serre est dû principalement à la vapeur d'eau.
Son accroissement actuel est lié à l'élévation de la concentration atmosphérique en
- C02 : en raison de l'utilisation des combustible fossiles et de l'importance de la déforestation
- CH4, lié au fermentations anaérobies (rizières, élevage de ruminants…) cf fig 3
- N2O, produit au cours de la dénitrification des matières azotées (engrais, déjections , eaux usées…) cf fig 4
- ChloroFuoroCarbones (CFC) : molécules artificielles utilisées comme propulseurs d'aérosols, systèmes de réfrigération, matières plastiques… et dans une moindre mesure, certains de leurs substituts ( hydrofluorocarbures...)
- O3 issu des réactions photochimiques
La part respective de chacun de ces gaz est très variable. Le gaz carbonique vient en tête pour les quantités produites, mais les autres ont une puissance d’absorption des IR beaucoup plus importante.
Le PRG, pouvoir de réchauffement global, est un indice permettant d’évaluer la contribution relative au réchauffement climatique de l’émission d’1kg de gaz à effet de serre par comparaison avec l’émission d’1kg de CO2 pendant une période déterminée qui est en général de 100 ans.
Par définition, le PRG à 100 ans du CO2 est fixé à 1.
Le tableau ci-dessous présente le PRG des principaux gaz impliqués :
Gaz | CO2 | H20 | CH4 | N20 | CFC | SF6 |
PRG | 1 | 6 | 23 | 296 | 4600 à 14 000 | 22 200 |
PRG des principaux gaz à effet de serre
Conséquences
Les prévisions des experts évaluent l'augmentation de la température du globe entre 1,4 et 5,8° d'ici 2100. L'augmentation serait maximale aux pôles et plus faible dans les régions équatoriales. Elle conduirait globalement à
- une baisse des ressources en eau douce dans de nombreuses régions
- une diminution des ressources alimentaires en zone tropicale et subtropicale
- une augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles (inondations, cyclones)
- une extension des maladies vectorielles humaine et animales
- une diminution notable de la biodiversité...
Les bénéfices attendus sont beaucoup plus minces… : augmentation des récoltes dans certaines régions de latitude moyenne, développement des forêts correctement exploitées, réduction de la mortalité hivernale, diminution des besoins énergétiques pour se chauffer.
Ce réchauffement pourrait selon certains, être suivi après quelques décennies, d’un fort refroidissement en Europe occidentale... Les flux croissants d’eau en provenance de l’Arctique pourraient en effet entraîner un ralentissement du Gulf Stream, qui amène de l’eau chaude du golfe du Mexique vers l’Atlantique Nord.
Le phénomène en France
La responsabilité des différentes sources polluantes dans l’émission de gaz a effet de serre est présentée dans le tableau qui suit :
Source | Industrie | Transports | Agriculture-foret | Batiment | Production Energie | Déchets | Gaz frigorigènes |
Part relative | 25 | 24 | 20 | 18 | 9 | 3 | 1 |
Part relative (en %) en France des différentes sources de GES (source ADEME – 1998)
Et le tableau suivant détaille la part de l’élevage dans la production de CO2, CH4 et N2O :
Source | Cultures | Elevage |
Autres activités agricoles |
Total |
CO2 | 1,5 | 1,5 | ||
CH4 | 0,9 | 52,2 | 53,1 | |
N20 | 27,3 | 27,3 |
Part de l'agriculture (en %) dans la production de GES en France (source CORINAIR 1994)
Le vétérinaire contribue à limiter la contribution de l’agriculture sur le réchauffement climatique, en participant à la communication auprès des éleveurs en matière d’impact des pratiques agricoles. Des recherches sont également menées sur l’intervention possible dans la ration des ruminants, pour limiter l’activité des bactéries méthanogènes dans les fermentations ruminales.
Le phénomène dans les pays en voie de développement
Dans les pays du Sud on peut souligner la part importante de la culture sur brûlis et de la déforestation. Celle-ci est liée en partie à la cuisson des repas sur le "feu 3 pierres". Diverses associations et ONG s'efforcent de modifier cette pratique, dont l'impact sur la forêt s'accompagne d'effets néfastes sur la santé (inhalation de fumée, portage du bois...), de conséquences sociétales (moindre scolarisation des enfants qui doivent chercher le bois, ou manque de temps pour des activités rémunératrices lorsque ce sont les femmes qui s'en chargent) ou économiques (coût des fagots lorsqu'ils sont achetés). L'utilisation de "cuiseurs économes" ou mieux, de cuiseurs solaires, permet de réduire sensiblement les prélèvements de bois à usage domestique et libèrent les femmes et les enfants pour d'autres activités.